Épisode 4

 

    Zeif bondit de l'autre côté de la palissade, suivi de Ash, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, une nouvelle vague d'infectés fondait sur le groupe. Les lames de la jeune femme tranchaient les chairs avec une précision chirurgicale et Zeif parvenait à repousser une bonne dizaine d'assaillants en un seul allez-retour de sa masse. Si bien que de nouveaux cadavres d'infectés vinrent très vite s'ajouter aux monticules recouvrant déjà le sol. Mais de l'autre côté de la barricade, le groupe de Cade commençait à être submergé. La proximité de ses ennemis rendant moins efficace l'utilisation de son arme de prédilection, Cade avait dégainé deux larges poignards à lame longue qu'il plantait à tour de rôle dans les corps de ses assaillants. Mais alors qu'il était aux prises avec l'un d'entre eux, un second se jeta sur lui par derrière et le fit basculer à terre dans une telle violence qu'il en lâcha ses armes. Dans le chaos, un infecté se rua sur lui, puis un deuxième. Il se débattit comme il pouvait, mais l'odeur du sang décuplait la rage des monstres, augmentant d'autant leur force et leur détermination. Très vite, Cade comprit qu'il n'aurait pas le dessus lorsque tout à coup une détonation retentit, comme un tonnerre dans le ciel. Pendant quelques instants, seuls les cris stridents d'un rapace dans le ciel brisèrent le silence pesant qui s'était installé sur le camp. Puis les corps défraîchis qui recouvraient le Pistolero se mirent à bouger, avant de basculer complètement sur le côté, laissant enfin apparaître Cade Thorn, apparemment sain et sauf. Rassurés, tous les regards se tournèrent alors vers celui qui venait de sauver la vie de leur compagnon.

    – Désolé, je me suis perdu dans la forêt.

    Nick, à la fois interloqué et visiblement furibond, fut le premier à répondre :

    – James ?... Mais tu es devenu fou ?!... Comment as tu fait pour ?... C'est pas vrai Jimy, mais qu'est-ce que je vais faire de toi ?

    – Maintenant qu'il est là, pourquoi ne pas le laisser nous accompagner ? suggéra Ash'ell.

    Nick baissa la tête, tentant de calmer sa colère.

    – En tout cas, ce garçon m'a sorti d'un bien mauvais pas, fit remarquer Cade en se relevant. Je t'en dois une p'tit, ajouta t-il, passant la main dans les cheveux de l'adolescent, avant de lui reprendre le fusil à canon scié qu'il pointait toujours en direction des deux infectés abattus quelques secondes plus tôt. Tu permets que je récupère ceci...

    Le garçon s'exécuta, penaud.

    – Quoi que vous décidiez, Nick, on avisera plus tard. On ne peut pas rester ici, ils pourraient revenir.

    – Ash a raison. Rassemblez vos affaires et reprenons la route, poursuivit Cade.

    – Quoi ? Vous voulez traverser la forêt en pleine nuit ? protesta Tuck.

    – On a décimé une bonne partie de la horde qui nous suivait. Nous devons les distancer avant qu'ils se regroupent.

    Quelques instants plus tard, traqueurs, affiliés et leur prisonnier s’apprêtaient à quitter le camp lorsqu'un détail au sol attira l'attention de Ash. La jeune femme se pencha sur l'un des corps qui jonchaient le sol, l'attrapa par l'épaule et le retourna pour découvrir son visage.

    – Qu'est-ce que ça veut dire ? dit-elle tandis que Zeif l'imitait à quelques pas de là.

Malgré l'obscurité de la nuit, il apparaissait clairement que plusieurs des corps qui gisaient à leurs pieds n'étaient pas ceux d'infectés. Cade glissa une main dans son dos et extirpa de son sac une torche qu'il secoua vigoureusement à plusieurs reprises, avant de la diriger sur le corps mutilé. Un léger ronronnement se fit entendre et le faisceau de la lampe éclaira les visages des cadavres.

    – Ce sont les hommes de North.

    – Ces salopards ont dû profiter du bazar pour essayer de nous piquer notre paquet ! dit Zeif, lançant un regard dédaigneux au prisonnier. Bien leur en a pris !

    – Je suis étonnée qu'ils n'aient pas attendu la fin de l'assaut...

    Cade observa longuement le prisonnier, qui paraissait étrangement absent, avant de reprendre :

    – En tout cas, cela signifie que les infectés ne sont pas notre seul problème. Si ces trois-là ont réussi à suivre notre piste, il y a des chances que North sache quel chemin nous empruntons, alors ne nous attardons pas !

    Et comme un seul homme, le groupe se remit en route derrière le Pistolero.

 

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    À quelques kilomètres du pont de Broke, dans un petit cabanon en bois, à l'abri derrière les palissades d'un campement fortifié, un homme faisait son rapport à son supérieur :

    – Ils ont décimé à eux seuls toute la horde d'infectés. Ils seront difficiles à éliminer Monsieur.

    – Et nos hommes ? demanda North, attrapant dans une assiette posée sur la table devant lui une belle grappe de raisins bien murs.

    – Là est le point le plus étrange, ils sont également tombés pendant l'attaque...

    – Cade a été bien formé, maugréa North, entre admiration et mépris.

    – Veuillez m'excuser pour la méprise Monsieur, mais ce ne sont pas eux qui ont tué nos hommes... Et c'est bien cela qui m'étonne...

    L'homme qui trônait de l'autre côté de la table semblait passablement agacé par tout ce cérémonial... et un seul regard sombre lancé à son interlocuteur suffit à mettre fin au suspens :

    – C'est Wales.

    Tout d'abord perplexe, le visage de North s'assombrit encore un peu.

    – Tu vas prendre une quinzaine d'hommes avec toi et TU VAS ME RAMENER CE WALES, MORT OU VIF ! Cria-t-il. Quant à Thorn... Que personne ne le touche ! TU M'AS COMPRIS ?... Je m'en occuperai personnellement.

    Il y eut un moment de silence puis l'homme qui se tenait debout devant North reprit :

    – Si je puis me permettre, Monsieur...

    – Eh bien, quoi ? Parle !

    – Brett et Trevor sont toujours sur le camp ?

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    Les traits du visage de North indiquèrent que sa patience avait des limites et l'homme reprit :

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    – Si vous vouliez bien les mettre à ma disposition, j'ai un plan qui pourrait nous économiser des hommes et s'avérer particulièrement efficace pour tourner la situation à notre avantage.

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