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Wanted : Un Nouvel âge

La web-fiction en accès libre
Un nouvel épisode chaque lundi

PRÉCÉDEMMENT

« Si vous vouliez bien mettre Brett et Trevor à ma disposition, j'ai un plan qui pourrait nous économiser des hommes et s'avérer efficace pour tourner la situation à notre avantage. »

Épisode 5
 
    – Putain, il est encore loin ce bled ?... J'en ai marre de marcher ! Pourquoi c'est toujours nous qui nous tapons ces putains de corvées ?!
 
    L'homme s'adressait à son compagnon de voyage qui, visiblement ne lui prêtait pas grande attention, poursuivant tranquillement son chemin, le long du sentier rocailleux. Le premier reprit :
    – Qu'est-ce t'en penses ? Tu crois pas qu'on devrait revoir nos accords ?... Hey, Trey ? T'entends ce que je dis ? Tu crois pas qu'on devrait renégocier nos salaires ?... Putain, Trevor, je te parle ! asséna-t-il, claquant les doigts devant les yeux de son partenaire.
    – Hum...?
    – Nos salaires, tu crois pas qu'on devrait les renégocier ? On pourrait... Chais pas, moi, on pourrait rediscuter avec le boss ?
Mais de nouveau, son compagnon ne dit mot.
    – Putain, tu peux pas enlever ces trucs de tes oreilles ?! On dirait un putain d'ours en peluche ! dit l'homme, désignant à son collègue le cerceau qui entourait son crâne.
    – Quoi ? répéta, le second, décalant légèrement l'accessoire de son oreille.
    – C'est quoi ces trucs que tu portes tout le temps sur la tête ?
    – Ça... c'est un casque...
    – Un casque ? répéta l'homme, dubitatif. Ça m'a pas l'air de te protéger de grand chose !
    – T'y es pas du tout. Ce truc est génial ! Tu appuies sur ce bouton, là tu vois... (il désigna du doigt un commutateur situé sur l'oreillette en plastique usée et poussiéreuse) Et y'a de la musique qui sort directement dans tes oreilles !
    – Quel genre ?
    – Ben, n'importe quoi ! Ce que tu aimes. T'as déjà entendu de la musique de l'ancien temps ?
    – Mouais... répondit l'homme, son ton contrastant nettement avec l'emballement de son compagnon de route. Au bastion d'où je viens, y'avait un gars qui avait réussi à brancher une sorte de grosse caisse sur le générateur principal. J'étais gosse à l'époque. C'était sympa. Tout le quartier s'est mis à bouger...
    – Ils dansaient ?
    – Ouais... J'avais jamais vu ça. C'était sympa, mais bon, ils ont tout fait sauter. Et c'était fini, trancha l'homme. Ils s'y sont plus risqués ensuite...
    – Ben, tu vois, ce casque ça envoie directement la musique dans tes tympans... Pas besoin de générateur.
    – Tu déconnes ! dit l'homme, ne feignant pas son étonnement.
    – Non, pas du tout. Avant, tout le monde portait ces trucs là, dans les rues, les bars... Pas besoin d'un gars pour chanter au coin du feu, les gens emportaient leur musique partout autour de leur tête !
    – Pfff... c'est des conneries !
    – Je t'assure que non ! Y'avait même des endroits fermés la nuit, où les gars se réunissaient pour danser. Ils avaient tous ces casques sur les oreilles et, comme ça ils pouvaient danser tous ensemble...
Emportés par leur discussion, les deux hommes parvinrent finalement bien plus vite qu'ils l'auraient pensé devant les portes du bastion.
    L'entrée y était sévèrement gardée. Une double palissade protégée par d'épais barbelés avait été érigée tout autour de l'ancien centre ville, et deux miradors surplombaient le poste de contrôle aménagé devant les lourdes portes en bois qui barraient l'entrée du Bastion. Lorsque les deux étrangers parvinrent à moins de dix pas, les gardes, en haut des tours, les mirent immédiatement en joue et un troisième, machette à la ceinture, vint à leur rencontre.
    – Et comment ils faisaient pour faire rentrer la musique dans ton machin ? demanda Brett, continuant de marcher tranquillement vers l'entrée.
    – Oh là, pas si vite, messieurs ! Je vous ai jamais vus, vous deux. Qu'est-ce vous venez faire ici ?... Vous avez des armes sur vous ?
    Semblant ne pas prêter la moindre attention au garde, Trevor, écarta les pans de son manteau et extirpa de chaque emplacement prévu à cet effet, un couteau, une poignée de shurikens et encore une ou deux lames, tout en répondant à son collègue.
    – Ben, ils allaient au magasin, choisissaient leur casque, soit parce qu'ils aimaient bien sa couleur ou son style, peu importe. Et c'est le vendeur qui, au moment de l'achat, avec un appareil spécial, enregistrait les morceaux dans le casque.
    – Pratique, dit simplement son coéquipier, posant à son tour ses armes entre les mains de l'un des gardes. Et tu pouvais choisir ce que tu voulais ?
    – Ouais... Par contre, c'était pas donné car tu devais payer pour chaque morceau !
    Le garde, d'abord quelque peu circonspect, mit de côté la dizaine d'armes dont venaient de se délester les étrangers, puis il tenta de couper les deux hommes dans leur discussion :
    – Je vous préviens, ici, on ne tolère aucun dérapage, c'est compris ! De plus, les non affiliés ne peuvent rester plus de 24h sans autorisation du Marshall.
    – Quelques minutes devraient nous suffire, conclut Trevor, un sourire faussement affable accroché au visage. Ah, attendez, j'oubliais, ceci...
    Il posa entre les mains du garde un holster avec un 44 magnum impeccablement conservé.
    – Merci d'y veiller précieusement, ce petit bijoux m'a été offert par un pisteloro que j'ai bien connu et j'y tiens beaucoup.
    Le garde siffla ses collègues postés de l'autre côté de la palissade et les portes du Bastion s'ouvrirent pour laisser entrer les étrangers.
    – Et si les gars voulaient avoir d'autres musiques avec eux ?... Genre deux mois après leur achat, ils en avaient marre d'écouter... (Brett hésita un instant comme s'il cherchait ses mots) les mêmes morceaux, ils pouvaient en changer ?
    – Bien sûr, il leur suffisait de retourner au magasin et de demander au vendeur de mettre de nouveaux sons dans leur casque...
    – Cool.
    – Ouais. Par contre, là encore, ils payaient une blinde !
    Tout en poursuivant leur conversation, les deux coéquipiers progressaient avec détermination dans les rues de l'ancien centre-ville, donnant l'impression qu'ils savaient précisément où ils se dirigeaient.
    – Tu me le files pour voir ?
    Trevor enleva le casque de sa tête et le tendit à son collègue qui le plaça maladroitement sur ses oreilles. Brett tâtonna autour du bouton on/off et après plusieurs tentatives infructueuses, se plaignit auprès de son compagnon :
    – C'est de la merde ton machin ! J'entends rien du tout !
    – C'est normal, faut un générateur pour le recharger. Ils en avaient pas au camp.
    – Quoi ? Et pourquoi je parle dans le vide depuis plus de deux jours alors, tu peux me le dire ?!
    – Ah non, ça c'est juste que... Tu sais, Brett... ta conversation...
    Perplexe, Brett roula un regard agacé à l'attention de son coéquipier qui s'enfonçait progressivement dans la rue principale, un léger sourire barrant son visage.
    – En fait, t'es un vrai enfoiré, toi !...
    – Mais non, tu dis ça parce que t'es en colère. Allez, donne moi ça.
    L'homme lança le casque en direction de son compagnon qui l'attrapa au vol et fit glisser un commutateur à l'arrière de l'oreillette.
    – Tiens, dit Trevor, tendant de nouveau l'appareil à son collègue.
    – Quoi ?
    – Réessaie le.
    – Ça m'intéresse pas ton machin.
    – Allez, fais pas ta mauvaise tête.
    Mais Brett ne daignait désormais plus adresser le moindre regard à son coéquipier.
    – Comme tu voudras, conclut simplement Trevor, repassant son casque sur les oreilles.
    Et sur les rythmes entraînant d'un Jungle boogie de Kool and the Gang – un groupe de musique dont tous les membres avaient été décimés quarante ans plus tôt lors de la Grande épidémie –, un sourire de nouveau plaqué sur son visage, Trevor reprit la marche à la suite de son compagnon.

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