PROLOGUE
De nos jours.
« Bonjour, les informations du matin, en direct de New-Port : plusieurs cas d'intoxication ont été signalés dans notre petite ville ; les autorités sanitaires recommandent à la population de prendre les précautions suivantes... »
« Bonsoir, vous écoutez les nouvelles du jour de la chaîne N.K.B : de nouveaux cas ont été signalés dans la petite ville de New-Port, portant à dix-sept le nombre de personnes atteintes par le virus... »
« Flash info : l'épidémie d'origine inconnue se propage aux grandes villes du pays. Les autorités confirment que si le virus n'était pas rapidement endigué, le gouvernement serait prêt à prendre des mesures... » « Édition spéciale : le virus de New Port : comment s'en prémunir ? »
« Bonsoir, ici Tina Hayatt pour TBS news. L'information principale de ce journal concerne l'épidémie qui sévit dans tout le pays : le CDC parle désormais de pandémie. »
« Virus de New Port : des cas similaires signalés en Europe. Malgré une alerte de niveau 4, la position de l'OMS reste encore floue. »
« Premiers cas de décès, et de sévères mutations constatées parmi les patients luttant contre la maladie. » « Les autorités de contrôle sanitaire ont décidé de placer les villes les plus touchées sous quarantaine et conseillent aux habitants de rester chez eux. »
« Fait divers : Tuerie de New Bay. Des malades contaminés par le virus ont attaqué d'autres patients et les membres du personnel soignant de l'hôpital où ils étaient admis. Les survivants parlent d'un déchaînement de violence animal, perpétré par des monstres. »
« Malgré la prolifération de l'épidémie, l'organisation de la santé de l'ONU ne semble pas se prononcer en faveur d'une restriction des vols commerciaux. »
« De nouvelles agressions commises par des patients contaminés ont été signalées dans plusieurs grandes villes. En dépit des mises en garde des autorités et de la menace de poursuites pénales, des chasses à l'homme clandestines s'organisent pour traquer et éliminer ceux que certains nomment déjà : "les infectés". »
« Bonjour Shana, on assiste en effet, aux quatre coins du pays, aux mêmes scènes de violence. Comme vous le voyez sur ces images, des groupes d'individus descendent dans les rues et profitent du désordre général pour piller et casser les commerces alentours, se heurtant aux forces de l'ordre dans de violents affrontements ; des images de guerre urbaine désormais identiques dans la plupart des grandes villes à travers le monde. »
« Nous interrompons nos programmes pour diffuser un message du gouvernement... Attendez... Malheureusement, on m'informe que suite à des problèmes de liaison, nous ne pourrons retransmettre l'allocution du Président, mais voici le communiqué qui nous parvient à l'instant : Face au danger que constitue la prolifération du virus "dit de New-Port" et les mutations qu'il engendre, ainsi que la recrudescence de la délinquance dans nos rues, j'ai décidé de placer le le pays sous la loi martiale. Chaque ville sera désormais sous la tutelle d'un commandant de section, déféré sur place, et ayant toute autorité pour faire régner l'ordre sur son territoire. Un couvre-feu sera instauré et il sera désormais interdit de circuler en ville à partir de cette heure, sans une autorisation spéciale de l'armée. J'ai pris ces mesures en mon âme et conscience, compte tenu de la gravité de la situation, afin de garantir la sécurité de la population. Elles sont applicables à compter de cet instant. Que Dieu vous protège et qu'il protège notre pays. »
Six mois après la tuerie de New-Bay.
« Bonsoir chers auditeurs, les conditions d'émission étant chaque jour plus difficiles, nous diffusons sans doute aujourd'hui notre ultime enregistrement ; ici Clara Spencer pour une édition... forcément spéciale.
» Chers auditeurs qui nous écoutez, les bâtiments, qui se dressent encore dans nos villes, ne sont désormais plus que l'ombre d'eux-mêmes. À leurs pieds, les voitures calcinées et les murs tombés jonchent nos rues parmi les cadavres criblés de balle, démembrés ou déchiquetés. Nos quartiers sont devenus de véritables bunkers, que les militaires tentent de tenir face aux assauts, sans cesse plus virulents, de hordes "d'infectés" qui, depuis des mois, nous attaquent sauvagement, animés par une soif intarissable de sang. Tandis que nous, survivants, tentons de le rester, cloîtrés dans nos maisons, ou dans les refuges aménagés par l'armée, sachant pertinemment que nulle part, nous ne sommes à l'abri.
» Si l'on ne sait toujours pas comment le virus est apparu, on suppose aujourd'hui que l'on ne peut plus être contaminé que par voie sanguine. Voilà ce que l'on sait : les premiers symptômes apparaissent au bout de quelques heures et l'état général du patient se dégrade alors rapidement, pour finalement décéder sept à huit jours plus tard. C'est du moins ce qu'il advient la plupart du temps. Mais dans certains cas, le délai d'incubation du virus est plus rapide encore. La peau du patient se détériore, et se teinte d'une coloration verdâtre ; il perd ses cheveux et l'usage de la parole, son cerveau étant à ce stade comme atrophié par la maladie ; et tandis que son état se détériore, ses muscles semblent, eux, se raffermir. C'est la mutation : ses gênes évoluent ; le patient se transforme en... en autre chose. Et au bout de quelques heures seulement, il n'a plus rien d'humain.
» Plus d'une personne sur dix contaminées par le virus, subit cette transformation, alors si jamais vous êtes amenés à déceler ces symptômes, qu'il s'agisse d'un voisin, d'un proche, de votre mère... ou de vous-même, vous ne devez pas hésiter...
» Nul ne sait comment tout cela finira. Nul ne sait ce qu'il adviendra de nous lorsque les militaires ne pourront plus faire face... Que restera-t-il de l'humanité ? De notre civilisation ? De nombreuses questions subsistent alors que nous ignorons même si nous avons la moindre chance de survivre en tant qu'espèce. Mais si tel était le cas... Si nous survivons, malgré tout, pourrons nous seulement tout recommencer, ensemble ?...
» Selon les dernières estimations, plus de quatre-vingts pour cent de la population mondiale a déjà été contaminée par le virus, avec un taux de mortalité avoisinant les quatre-vingt dix pour cent.
» C'était Clara Spencer pour Midnight Town, je rends l'antenne. »
Cinquante ans plus tard...